N° 41 DES LUNDIS DE POESIE

LES PLEURS D’UN ENSEIGNANT

C’est toi qui avais raison

La craie passionne et dépassionne

Les leçons personne n’en veut plus

Ma blouse même blanche on s’en moque

Elle m’a quitté délaissé abandonné

Comme mes anciens élèves

Pour aller rejoindre les hommes bien tenus

Qui entourent ceux qui promettent la route et le riz

Hier je rêvais d’enseigner

Je voudrais encore le dire au présent

Mais seulement ma condition est imparfaite

Mon prestige est passé décomposé

Mon déshonneur n’est plus au futur

Ma galère demeure invariable

Mes craintes sont toutes au pluriel

Alors que mes quêtes sont au singulier

Ils utilisent le bien malin conditionnel

Pour se moquer de moi au présent continu

Ma gloire est au passé

Ma joie flétrit à l’impératif

Mes élèves ont des chaussures

Moins souriantes que les pauvres miennes

Que MEKA aurait refusé de porter

Tous me disent « Qui est-ce qui t’a envoyé ? »

C’est toi qui avais raison

Le blanc de la craie me fait voir

De toutes les couleurs de ma misère

A présent je crève d’enseigner

Pierre Emmanuel OMBOLO MENOGA